Rue des voleurs

ENARD Mathias

Tanger. Surpris nu en compagnie de sa cousine, Lakhdar, dix-sept ans, est violemment battu par son père. Humilié, il part. Après des mois de vagabondage, ce passionné de romans policiers trouve un emploi de libraire auprès d’un groupe islamiste. Bientôt la fièvre monte, attisée par la révolution tunisienne, et il découvre ses amis sous un jour qui lui déplaît. De nouveau à la rue, il trouve un emploi astreignant de copiste, rêve de voyager, et surtout de retrouver à Barcelone Judit, une touriste dont il est tombé amoureux. 

Violence et mort pavent le chemin du narrateur, héros transparent d’un constat amer et sombre sur la situation actuelle des deux côtés de la Méditerranée. Frustrations de la jeunesse marocaine, intolérance meurtrière, révolutions perverties, Espagne en crise : nulle éclaircie dans ce roman d’apprentissage en forme d’exploration des enfers terrestres, dont le pessimisme évoque Zone (NB septembre 2008). L’amour est changeant et le refuge des livres tout relatif. Cette errance hantée par le sentiment d’un désastre imminent est un peu démonstrative. Cependant, nourrie de références à la culture classique arabe et de belles descriptions de Barcelone, servie par une écriture énergique, elle ne lasse pas.