Requiem pour une apache

MARCHAND Gilles

Un jour, lasse de subir indifférence et mépris, elle jette son badge de caissière de supermarché et se réfugie dans un drôle d’hôtel-pension qui sert de phalanstère à un ramassis d’individus aux degrés variés de bizarrerie et d’inaptitude. Ils l’appellent Jolene, mais ce n’est pas son nom. Ils l’accueillent sans poser de questions, bien loin d’imaginer le rôle qu’elle va jouer en les sortant brusquement de leur engourdissement confortable et protecteur. Relèveront-ils enfin la tête sous la houlette de cette pasionaria de quartier improbable ?

Gilles Marchand convoque la parentèle des personnages cabossés et fantaisistes, mais solitaires, de son précédent recueil de nouvelles (Des mirages plein les poches, Les Notes janvier-février 2019) pour les faire vivre ensemble et observer ce qui naît de la juxtaposition de leurs rêves brisés, ambitions perdues, échecs sociaux. L’histoire décalée et poétique devient un peu fantastique lorsque les objets quotidiens s’animent et prennent part à l’action. Politique aussi, avec un sous-texte léger, empreint d’empathie et d’humour, sur la douleur de ceux qui sont écrasés à cause de leurs différences, par les normes sociales et les discriminations. L’écriture swingue au rythme pop-rock de la fin des années 70. Un univers pittoresque au charme piquant. (T.R. et C.B.)