Pas pleurer

SALVAYRE Lydie

En 1936, Montze, jeune fille pauvre, profite du dĂ©but de la guerre d’Espagne et du mouvement libertaire des campagnes pour quitter son village de Haute Catalogne. Soixante-quinze ans plus tard, elle raconte Ă  sa fille ses souvenirs d’un Ă©tĂ© radieux et pour elle inoubliable. Un autre tĂ©moin de cette pĂ©riode, Georges Bernanos, bouleversĂ© par les massacres franquistes de Majorque et la complicitĂ© des dignitaires de l’Église, commence Ă  Ă©crire Les grands cimetiĂšres sous la lune. Lydie Salvayre, car c’est elle la fille, n’en est pas Ă  son premier roman intimiste (BW, NB septembre 2009). Optant pour un ton enjouĂ©, une verve caustique, elle use du burlesque et du charabia mi-français, mi-espagnol de sa mĂšre. Le procĂ©dĂ© peut agacer. D’autres figures complĂštent avantageusement la petite histoire : elles rappellent ce que furent les espoirs de la gauche espagnole, ses dissensions et la dĂ©faite finale. Les rĂ©flexions de Bernanos s’intercalent opportunĂ©ment et Ă©tayent la chronique des Ă©vĂ©nements ainsi retranscrite. L’auteur s’appuie aussi sur des textes publiĂ©s par les tenants de la tradition et les instigateurs de l’épuration pour faire entendre les parties adverses et irrĂ©conciliables. Le bel hommage Ă  sa mĂšre pĂątit de l’aspect embrouillĂ© et inabouti de ces trois approches entrelacĂ©es.