Noël en décembre

TIRTIAUX Bernard

Issue d’une lignée d’aristocrates berlinois, Klara quitte le cocon familial pour étudier à Bruxelles. Livrée à elle-même, la jeune étudiante succombe au charme d’un « aventurier ». Enceinte de plusieurs mois, elle regagne l’Allemagne, affolée à l’idée d’annoncer sa situation à une famille particulièrement rigoriste. Mais dans le train du retour, en juin 1914, la voilà sur le point d’accoucher… Aussitôt transportée dans une ferme wallonne des alentours, Luise naît sous les yeux émerveillés du fils des fermiers, le petit Noël, qui du haut de ses quatre ans et demi, lui voue tout de suite un amour sans bornes. Klara repart,  soulagée de confier Luise pour un temps à la fermière qui l’allaite et l’élève avec dévouement en même temps que sa propre fille. Mais la guerre éclate et le silence de Klara est total ; les jours, les mois se muent en années. Un jour pourtant, la paix revenue, la jeune Allemande, qui a épousé un Juif viennois, revient chercher sa fille. Un vrai traumatisme pour l’adolescent passionné qu’est devenu Noël. Parviendra-t-il, malgré tous les aléas rencontrés, à retrouver l’amour de sa vie, devenue pianiste de renom ? Homme de lettres belge et maître verrier, adepte de la lumière dans le vitrail comme dans les mots, Bernard Tirtiaux porte un regard limpide sur l’évolution du sentiment amoureux, depuis l’enfance et l’adolescence jusqu’à l’âge adulte, tout au long d’un roman bousculé par l’Histoire. Construit comme une longue missive adressée à l’aimée, ces pages fébriles mêlent au quotidien et sur trois décennies les grands élans du coeur, les confidences intimes et les soubresauts des deux guerres. Bernard Tirtiaux puise dans la veine classique et intemporelle du romanesque pour exprimer son talent de conteur. Ici, comme dans l’ensemble de son oeuvre, l’écriture a elle seule est une fête. Au vocabulaire précis qui traduit bien l’époque s’ajoute l’authenticité d’un récit tiré de faits réels. La teneur en est riche et donne une superbe histoire d’amour à la fois sensible et cruelle que l’on quitte à regret. De la belle ouvrage. (Maje et C.G.)