« Monsieur Islam » n’existe pas : pour une désislamisation des débats.

BOUZAR Dounia

Membre du Conseil musulman, ancienne éducatrice, Dounia Bouzar renvoie dos à dos extrémistes et institutions qui enferment les Français musulmans dans une définition religieuse, même si les jeunes usent de cette référence dans leur quête d’identité. Son enquête révèle divers comportements des leaders associatifs, « islamisants » (l’islam englobe tout) et « socialisants » (actions socioculturelles). L’auteur prône dialogue et partenariat civique pour désarmer conflits avec les institutions et accusations de communautarisme, démontre qu’une société laïque, séparant profane et spirituel, permet de repenser existence et façon de croire. C’est une chance pour les musulmans. Délivré de traditions locales, « désethnicisé », l’islam porte une éthique riche de potentialité et solidarité. Son adage : « À chacun son islam » suppose une conscience responsable, autonome et critique, constatée dans L’une voilée, l’autre pas (N.B. juin 2003). Cette vision parait irénique et édulcorée par rapport à la réalité, tandis que la République est critiquée pour sa discrimination, son intégration forcée, ses efforts sociaux déniés. Des vues contradictoires n’empêchent pas cette étude d’apporter des éléments originaux, des faits incontestables : cette tentative pour faire évoluer musulmans et Français est globalement positive.