Même pour ne pas vaincre

CHAUMET Stéphane

Pour ce premier roman, l’auteur abandonne la poésie pour s’abîmer avec virtuosité dans les questionnements, les souffrances morales et psychiques issus de la guerre d’Algérie. Les différents héros, dont les destins s’enchevêtrent à travers le temps et l’espace, sont rattrapés par les exactions qu’ils ont subies ou perpétrées, perdant à jamais sérénité et équilibre. Tel le jeune appelé français qui plonge dans l’enfer de la guerre, tel le harki qui torture des innocents par vengeance, telle Amina adolescente algérienne enlevée par les islamistes. Liés les uns aux autres par des fils ténus, les différents personnages tournent autour d’une seule et même obsession : l’Algérie, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. La construction du roman, très originale, est à l’image du propos : dérangeante. Les personnages avancent dans un tunnel où le poids des secrets de famille et des non-dits laisse un goût amer aux survivants. L’écriture balaie finement les champs les plus opposés des émotions : un roman fort, attachant et d’une grande subtilité.