Mariage contre nature

MOTOYA Yukiko

San, femme au foyer, mariée depuis quatre ans, remarque un jour que son visage et celui de son mari se ressemblent, ce qui n’était pas le cas jusque là. Sa voisine, qui sort son chat incontinent, lui raconte que la mésaventure est arrivée à des amis ; la femme s’en est libérée en utilisant des cailloux… Le mari de San est de plus en plus fatigué quand il rentre le soir. Fan de variété, il veut se détendre et ne pas réfléchir. Son visage se délite de plus en plus alors qu’il se prend de passion pour un jeu sans intérêt.  Étrangeté garantie dans cette fable sur le mariage et l’existence, qui dresse un portrait désenchanté du Japon. Les humains y sont fatigués, parents et enfants en sont absents. La nourriture et les animaux domestiques semblent les derniers liens qui rattachent à la vie. Les questions de l’identité, de la soumission et de la domination sont évoquées à travers les avatars de ce couple presque ordinaire. L’écriture est aussi précise que l’atmosphère est fuyante et intrigante ; un léger malaise naît malgré l’humour pince-sans-rire qui irrigue un roman dont le fantastique paisible s’épanouit dans une chute surprenante. (M.D. et C.B.)