Mamie perd ses mots

DAVID RĂ©mi, SAILLARD RĂ©mi

« Je crie parce que j’ai peur Â». L’enfant qui raconte crie sur le pont. Il crie parce qu’il a peur : mamie perd ses mots avant de perdre la main, de perdre pied, de perdre la tĂȘte
 Sur le pont devant lui, elle en cherche un, la bouche ouverte comme un O. Alors l’angoisse s’empare de l’enfant.  OĂč vont ces mots Ă©garĂ©s ?  Peut-ĂȘtre dans la CitĂ© des mots perdus, lui dit-on. Certains disparaissent Ă  jamais mais d’autres reviennent sans qu’on s’y attende


Les troubles de la mĂ©moire, la perte du langage, un des maux du siĂšcle vieillissant, est au cƓur de cet album qui dĂ©dramatise le sujet  par sa mise en scĂšne et des jeux de mots certes faciles mais bien amenĂ©s. En deçà ou au-delĂ  de la parole, quand les mots s’étranglent, reste le cri, expression de l’angoisse devant l’inconnu ou l’inĂ©vitable. C’est la rĂ©action de l’enfant. Le parallĂšle, du coup, est difficile Ă  admettre avec la toile de Munch qui associe acrobatiquement les deux thĂšmes ; le pont qui traverse l’image et la palette proche de celle du tableau suffisent-ils ?  L’histoire impose des images autres que le seul point de vue du tableau qu’on dĂ©couvre, ainsi introduit, Ă  la fin de l’album. (C.B)