L’instant vertical

COLLONGUES Anne, DEVREUX Patrick

Un village, une maison, un portail qu’on referme derriĂšre soi. C’est le matin, un homme et la narratrice partent pour une promenade, un vaste tour dans la campagne. Parler est vite inutile : « bientĂŽt, il n’y a plus de langage, seulement des impressions » Au rythme de ses pas, chacun, comme en immersion, participe de la nature, dĂ©pris de soi-mĂȘme, happĂ© par ce qui l’enveloppe, la vĂ©gĂ©tation changeante, les senteurs, l’air qui joue sur la peau, les toits aperçus au loin
 Deux heures plus tard, restera, Ă  jamais peut-ĂȘtre, le souvenir d’un moment apaisĂ© et uni.

Un petit livre Ă  quatre mains, dĂ©licat et Ă©lĂ©gant avec jaquette, tout en hauteur, au papier ivoirĂ©, aux feuillets cousus. Une histoire qui n’en est pas une, et paradoxalement beaucoup plus 
 l’expĂ©rience d’un temps arrĂȘtĂ© sur la beautĂ© et la simplicitĂ© d’un monde rural oĂč la campagne, ses sentiers, ses arbres dissĂ©minĂ©s, ses prĂ©s et ses haies, appellent  Ă  « ĂŠtre Â», comme une Ă©vidence. Anne Collongues, dans un texte resserrĂ© oĂč chaque mot a sa place, nous donne des Ă©motions en partage, comme autre forme d’un « temps retrouvĂ© Â», dans lequel les encres de Patrick Devreux – prĂ©sentes et Ă©vanescentes – entrent en rĂ©sonance. (M.T.D. et C.B.)