L’inconscience

Deux frères d’une famille bourgeoise de Metz élevés par une mère pétrie de principes moraux et religieux, deux parcours diamétralement opposés : l’aîné disparaît à sa majorité, roule sa bosse et réapparaît vingt ans plus tard, célibataire, enseignant à Roubaix et séduisant sans vergogne ses étudiantes. Le cadet marié, père de trois enfants, assureur, n’a jamais quitté sa ville natale menant jusqu’à cinquante ans une existence « plan-plan » et conformiste jusqu’au jour où, envoyant tout promener, il se découvre tout autre. Quelle mouche l’a donc piqué ? Après Démon (NB octobre 2009), voici une nouvelle histoire de famille, cette fois-ci des années cinquante à nos jours. Passé et présent des deux frères, leurs vies et leurs confidences se mêlent à des considérations assez fouillées sur l’évolution de la société en province, ses bonheurs et ses petitesses, l’affaiblissement de la religion et la peur de tout et de rien, le rôle des petites sociétés locales et des petits patrons. Les assureurs en particulier sont ici férocement croqués. Si la peinture est assez juste, la pertinence du propos est cependant affaiblie par des longueurs et des détails qui alourdissent la pensée, la référence aux idoles de la musique des années soixante ne réussissant pas à égayer la démonstration. Le livre n’a pas la force du précédent.