Les sentiers d’Anahuac

Romain Bertrand, Jean Dytar

Mexico, 20 ans aprĂšs la conquĂȘte par les Espagnols, Bernardino de SahagĂčn, prĂȘtre Franciscain, se lance dans une immense enquĂȘte pour retrouver et dĂ©crire la civilisation AztĂšque presque disparue : le pays d’Anahuac. Il s’appuiera sur de jeunes indiens lettrĂ©s, Ă©levĂ©s comme des chrĂ©tiens, en particulier Antonio ValĂ©riano. Pendant plusieurs dĂ©cennies, ce travail de collecte et de traduction les occupera jusqu’à l’obsession, rĂ©vĂ©lant la richesse fabuleuse de cette culture martyr et la rĂ©sistance de ce peuple face Ă  la violence des colonisateurs.   

En attelant  deux personnages principaux  aussi diffĂ©rents, les auteurs offrent des points de vue complexes, montrant toute l’ambiguĂŻtĂ© de l’entreprise. Ce qui nous apparait comme un trĂ©sor ethnographique se justifiait seulement pour mieux convertir et asservir les indigĂšnes. Les jeunes indiens qui participaient Ă  ce qui sera le Codex de Florence furent eux-mĂȘmes surpris et troublĂ©s de dĂ©couvrir leur propre culture soigneusement effacĂ©e par l’envahisseur.

Sur un beau papier bistre, le parti-pris graphique est magnifique, associant les pictogrammes colorĂ©s des AztĂšques au style hachurĂ© des gravures sur bois de l’Ă©poque en Occident. On apprĂ©cie le format carrĂ© qui donne toute son ampleur Ă  ce roman historique captivant.

(BV)