Les rois du Paradis

BEHR Mark

Michiel retourne au pays pour assister aux funérailles de sa mère. Cela fait quinze ans qu’il a fui l’Afrique du Sud et délaissé sa famille. Il avait vingt ans. Il vit maintenant en Californie avec son compagnon Kamil, atteint du sida. Durant ce bref séjour dans la ferme familiale, les souvenirs affluent par vagues successives : les lieux de l’enfance avec ses deux frères, la tyrannie du père, aujourd’hui vieillard presque impotent, son amour pour Karien, les grandes qualités humaines de sa mère… Il découvre aussi les révolutions sociétales apparues depuis son départ. Mark Behr qui s’était fait remarquer par son premier roman, L’odeur des pommes (NB mai 2010), transforme l’essai. Rendu complexe de prime abord par l’emploi d’expressions en afrikaans et une construction elliptique multiforme très travaillée, le roman, à la fois poignant et accusateur, se laisse peu à peu apprivoiser. Avec en toile de fond intolérance, racisme et violence, l’épaisseur narrative apparaît par touches juxtaposées, à la manière d’un épisode qui, avec sensibilité et nostalgie, montrerait patte blanche avant d’ouvrir grand la porte d’un passé douloureux. Les personnages sont d’une vérité parfois déchirante. Remarquable.