Les enfants endormis

PASSERON Anthony

Plusieurs dĂ©cennies aprĂšs la mort de son oncle DĂ©sirĂ©, hĂ©roĂŻnomane victime du sida dans les annĂ©es 80, l’auteur veut faire revivre la mĂ©moire de celui dont on ne parle qu’à demi-mots. À partir de photos anciennes, de souvenirs et de questions posĂ©es Ă  ses proches, il reconstitue l’histoire de ce fils de commerçants du haut pays niçois, pressenti pour reprendre l’affaire familiale que l’hĂ©ritage post soixante-huitard et le goĂ»t excessif de la fĂȘte prĂ©cipitent vers un tout autre destin.

Anthony Passeron signe un premier roman riche et Ă©mouvant sur cette maladie qui a bouleversĂ© sa famille. Le ton est juste. Les personnages de l’histoire familiale rĂ©vĂšlent toute leur humanitĂ© face au drame : l’incomprĂ©hension et le dĂ©ni du pĂšre, la honte de la mĂšre, la colĂšre du frĂšre et aussi le soutien inconditionnel de la grand-mĂšre. L’insertion de chapitres plus techniques relatant la course contre la montre des mĂ©decins et chercheurs pour comprendre et soigner la maladie renforce le propos. Enfin, cette chronique familiale s’inscrit de façon trĂšs subtile dans l’histoire des mutations de l’économie et de la sociĂ©tĂ© française dans les annĂ©es 80, notamment les progrĂšs de l’éducation, les transformations du commerce et les ravages de la drogue parmi les jeunes. Une vision sensible et lumineuse Ă©clairant l’histoire d’une maladie longtemps incomprise (A.-M.G. et S.D.)