Les derniers jours de Robert Johnson

DUCHAZEAU Frantz

L’AmĂ©rique des annĂ©es 30. Pas facile l’enfance de Robert. Son pĂšre ? Il ne l’a jamais connu. Sa mĂšre ? Elle travaille dans des champs de coton du delta du Mississippi. PlutĂŽt que de lui apporter affection, son beau-pĂšre prĂ©fĂšre ĂȘtre violent avec lui. Il grandit ainsi, cahin-caha, dans une rĂ©gion oĂč il n’est pas toujours simple d’ĂȘtre noir. Il rencontre cette jeune femme, l’amour de sa vie. Las, elle meurt en couches. Robert Johnson traĂźne derriĂšre lui un lourd nuage noir. Il le transforme en musique, le chante, le raconte Ă  la guitare, Ă  l’harmonica. A sa maniĂšre, si bien et si bien qu’il se fait entendre, Ă©meut, se crĂ©e une notoriĂ©tĂ©. Commence alors pour lui une vie d’itinĂ©rant, de vagabond dĂ©sargentĂ© avec sa seule guitare pour vrai bagage. Il se produit dans toutes sortes d’endroits, des rues poussiĂ©reuses, des bars louches. Il aime les femmes, il les fascine. Il boit, trop. Il est adulĂ©. Et mĂ©prisĂ©. Parce qu’il est noir et que l’on dit de lui que sa musique est un pacte avec le diable. Il rĂ©ussit pourtant Ă  enregistrer quelques disques. Il se fait remarquer. Si bien qu’il lui est proposĂ© de se produire Ă  New York sur la scĂšne du Carnegie Hall, aux cĂŽtĂ©s de Count Basie, Meade Lux Lewis, Rosetta Tharpe. Robert Johnson ne montera pas sous les feux de la rampe. 

Un trĂšs beau volume de 235 pages : il fallait bien cet espace pour raconter l’histoire de ce gĂ©ant du blues. Les dessins, superbes en noir et blanc, induisent une ambiance propre Ă  rentrer « dans la peau du personnage Â». Lire Les derniers jours de Robert Johnson en Ă©coutant Cross Road Blues, Sweet Home Chicago ou Love in Vain est un vrai moment de bonheur. Bravo Ă  Frantz Duchazeau qui publie ici son cinquiĂšme album.

(BL)