Lequel de nous portera l’autre ?

LISON Violaine

2014. Un ami de l’autrice lui confie un bien prĂ©cieux : Les carnets de tranchĂ©es (1914-1918) de son grand-oncle, rescapĂ© de la Grande Guerre, l’abbĂ© Paul N. (mort en 1984). TrĂšs vite Violaine Lison s’aperçoit que Paul N. n’est pas l’auteur de ces carnets, mais a retranscrit, plus tard, ceux de son ami LĂ©once Delaunoy mort, lui, en octobre 1918, dont elle contacte la famille et retrouve en partie les carnets originaux. StupĂ©faction ! le copiste s’est autorisĂ© a Ă©laguer et censurer tout ce qui a trait au sentiment ou Ă  la colĂšre, peut-ĂȘtre pour « faire de LĂ©once le hĂ©ros d’aprĂšs-guerre, dĂ©diĂ© tout entier Ă  la Patrie et Ă  Dieu » !

Un livre magnifique, entrelacs subtils de deux Ă©critures : celle de l’autrice en quĂȘte de vĂ©ritĂ©, de mĂ©moire Ă  laquelle elle s’emploie Ă  redonner « chair ». Celle de LĂ©once, d’une beautĂ© et d’une sensibilitĂ© rares, qui au-delĂ  de la souffrance qu’il endure et cĂŽtoie, sait dire la beautĂ© d’un paysage, d’un ciel, d’un vol d’oiseaux
 mais aussi s’élĂšve pour dire l’exaltation de son amitiĂ©-amour partagĂ© pour Herman, son dĂ©sespoir et la douleur une fois l’ami parti, l’appel de la mort, l’effroi face Ă  la barbarie, la « rĂ©volte contre le pouvoir qui a engendrĂ© la guerre »  Autant de sentiments et de mouvements de l’ñme qui font que l’Homme est Homme. (M.T.D et P.H)