L’énigme Gerstein

LE NINÈZE Alain

Choqué par la mort suspecte d’une jeune parente dans un hôpital psychiatrique nazi, Kurt Gerstein, ingénieur chimiste, s’enrôle en 1941dans une unité SS pour enquêter sur les crimes du régime. Progressivement, ce chrétien militant devient responsable de la livraison de gaz zyklon B à différents camps d’extermination, charge qu’il cherche à torpiller, sans succès. À la fin de la guerre, ayant échoué dans plusieurs tentatives pour divulguer au monde ce dont il était témoin, il est fait prisonnier par les troupes françaises et se suicide en prison.    Ce roman historique si peu romanesque, mêle en permanence et de façon originale « historia » (faits attestés) et « fabula »  (fiction) enrichies par  » l’argumentum » (hypothèses). En de courts chapitres et de nombreuses répétitions, l’auteur, prenant appui sur de multiples archives et témoignages, dont deux « rapports Gerstein », tente d’éclairer la personnalité ambiguë du héros. Mais le portrait qu’il en dresse reste flou : convictions religieuses profondes, double jeu permanent, angoisses et problèmes de conscience, velléités suicidaires… Un homme solitaire et naïf qui se pensait peut-être investi d’une mission et qui fut broyé par la machine terrifiante qu’il voulait dénoncer. Pour dîner avec le diable, il faut une longue cuillère !! (L.D. et M.Bo.)