L’embâcle

DAZY Sylvie

Depuis la mort de sa femme, Paul se terre avec chiens et chats dans sa maison, n’ouvre à personne, ne jette rien, empile savamment les sacs poubelle qui envahissent toutes les pièces. Il aime vivre au milieu des vestiges de « toute une vie », en luttant contre la consommation effrénée de ses contemporains. Mais un projet de réaménagement de sa zone pavillonnaire perturbe sa tranquillité. Il refuse de négocier, c’est « l’embâcle », jusqu’à l’inondation catastrophique…  Sylvie Dazy (Métamorphose d’un crabe, NB septembre 2016), auteure connue pour sa fibre sociale, s’intéresse ici à l’urbanisation imposée et au devenir des banlieues et de leurs habitants. Artisans, retraités, petits commerçants sont menacés de déplacement par la cupidité des promoteurs, l’ambition des politiques et la vague des bobos venus de la capitale. La mémoire des lieux disparaît, les relations changent, l’habitat s’uniformise. Ce récit peut se lire comme le journal d’un fou atteint du syndrome de Diogène. Ou comme une parabole dont le héros, survivant de l’ancien monde, se voit investi d’une mission : résister à la modernité planifiée. Droit à la différence, valeur de l’enracinement sous-tendent une histoire manichéenne laborieusement construite qui peut donner à réfléchir. (M.-A.B. et M.S.-A.)