Lebrac, trois mois de prison

Si des jeunes d’aujourd’hui se comportaient comme les protagonistes de La Guerre des boutons de Louis Pergaud, comment la société réagirait-elle ? Bertrand Rothé a repris les personnages de ce livre culte, publié en 1912, et a transposé leurs démêlés dans la banlieue de 2009. Il a enquêté pendant plus d’un an auprès de policiers, juges, éducateurs, afin de décrire minutieusement le processus qui se mettrait en place suite aux bagarres décrites dans le livre. Ce seraient plainte, visite chez le médecin, arrestation de Lebrac, procédures humiliantes, passage express de l’avocat et de l’éducateur, procès, vie en prison avec ses violences…

L’auteur montre que les comportements violents de la jeunesse sont anciens, mais que la tolérance de la société à leur égard a beaucoup diminué : on criminalise aujourd’hui des actes que l’on attribuait autrefois à un défaut de socialisation. La postface d’un sociologue permet de replacer ce constat dans une perspective historique, économique et judiciaire. Louis Pergaud disait : j’ai voulu faire un livre « où coule la sève, la vie, l’enthousiasme… et un grand rire joyeux », Bertrand Rothé nourrit sa propre amertume d’une abondante documentation. Au nom de Lebrac, son parallèle audacieux amène à s’interroger.