Le verger des âmes perdues

MOHAMED Nadifa

1987, Hargeisa, capitale de la Somalie du Nord. Les destins de trois femmes se mêlent lors d’une manifestation: Deqo, neuf ans, orpheline, vit dans un camp de réfugiés ; la vieille Kawsar (cinquante-huit ans !)vit seule, elle a perdu son mari et sa fille ; le caporal-chef Filsan, vingt-cinq ans, est une femme soldat zélée. La Somalie est sous l’autorité d’une dictature militaire, la population vit misérablement et dans la peur permanente. Les réfugiés affluent dans le pays depuis la guerre perdue de l’Ogaden contre l’Éthiopie. La colère gronde qui aboutira à une guerre civile effroyablement sanglante. Nadifa Mohamed, auteur anglo-somalienne, chantait l’épopée de son père dans le prenant Black Mamba Boy (NB octobre 2011). Ici, au travers des destins chahutés de trois femmes traumatisées, brisées, elle raconte l’histoire de la Somalie et le quotidien de ses habitants. Un pays où des jeunes lycéens sont embarqués, assassinés, saignés à l’hôpital parce qu’on a besoin de sang, ou deviennent enfants-soldats… Un pays ruiné. Malgré cela, l’écrivain trace d’une écriture tendre, nostalgique, d’une voix désabusée, des pages bouleversantes sur la détresse des femmes devant la violence, l’irrationnel, la folie. Un ouvrage exceptionnel pour soulever le coin du voile obscur qui s’abat sur ces populations. (A.M. et V.M.)