Le totem

La foudre a frappé le totem du village. Le chef indien, fâché, exige de l’artiste d’en sculpter un au plus vite. Hélas, malgré les efforts fournis, le résultat ne le satisfait pas.  L’artiste choisit un tronc plus gros, recommence. Le chef est toujours mécontent. Troisième tentative, avec un arbre gigantesque. Mais peut-être la taille n’est-elle finalement pas le problème, ni la solution ? L’album étant muet, le chef s’exprimant en onomatopées fleuries à défaut d’être totalement explicites, on ne comprend pas immédiatement quel est la tare du nouveau totem ; la progression dans le gigantisme semble renseigner -mais met sur une fausse piste. Où va se nicher la vanité ? Le dessin à l’encre noire est ferme et énergique, appuyé par la sobriété de la colorisation (fond orange sur lequel contrastent les décors et les protagonistes en vert et blanc), pour se mettre au service d’une fable ironique qui dénonce l’orgueil démesuré des gouvernants (Rien n’est plus grand, rien n’est plus haut que l’orgueil d’un chef, conclut l’album).  L’humour est bien présent dans les traits et la dégaine des Indiens, traités sans égards, et l’expression des sentiments. Un livre pour réfléchir et susciter la discussion. (M.D.)