Le salon de beauté

ESCOBAR Melba

Karen, métisse à la beauté renversante, arrive de Carthagène à Bogota. Engagée comme esthéticienne dans un salon huppé, elle capture vite une clientèle riche, capricieuse. Elle se confie à une habituée, Française, psychiatre divorcée, fascinée par son charme sauvage. Leurs rapports étroits, sans ambiguïté, seront le coeur du livre que la thérapeute projette d’écrire. Le corps d’une lycéenne de bonne famille enlevée et assassinée a été retrouvé peu après qu’elle soit passée dans la cabine de Karen pour une épilation intégrale…  L’auteur, intellectuelle colombienne, chroniqueuse brillante, universitaire formée en littérature et journalisme, place l’épicentre de son roman dans un salon de beauté, la beauté symbolisant la réussite, dans une ville qui détient le record du nombre de ces établissements. Faussement frivole, le récit, mené à partir de femmes d’origines sociales différentes, fait apparaître un pays rongé par les inégalités. Dans une construction bien maîtrisée, l’itinéraire plein d’embûches d’une jeune femme, qui cherche en vain à échapper à son destin, se mêle à l’histoire d’un crime sur fond de corruption des milieux politiques et d’affaires. Dans une culture machiste, la sensualité latente due à la présence de corps de femmes diffuse un charme subtil. Un livre saisissant, sans concession… (M.Bi. et M.Bo.)