Le roman de Thomas Lilienstein

WERNER DAVID Laurence

Meurtrie par des absences rĂ©pĂ©tĂ©es qu’elle impute Ă  l’emprise qu’exerce sur lui sa mĂšre, la compagne de Thomas tente de comprendre. En attendant l’ĂȘtre aimĂ©, elle interroge ses proches et exorcise sa peine par l’écriture. Elle essaie de recrĂ©er la personnalitĂ© insaisissable et narcissique de la mĂšre, une artiste paysagiste rĂ©putĂ©e qui, partie ou peut-ĂȘtre morte, fascine toujours son fils, ses amants, ses amies ou ses anciens Ă©lĂšves. La reconstitution d’un jardin chimĂ©rique imaginĂ© par elle, Ă  travers des plans qu’elle a savamment dispersĂ©s entre ses admirateurs avant de disparaĂźtre, est un enjeu pervers qui mĂšne inĂ©luctablement au drame.

 

La sĂ©duction mortifĂšre que dĂ©gage ce couple mĂšre-fils et les lumineux paysages oĂč se noue le drame, deux villages du Sud-Ouest de la France et les Ăźles suĂ©doises, sont omniprĂ©sents et cependant jamais nettement Ă©voquĂ©s. Lieux et sentiments Ă©mergent par petites touches oniriques et colorĂ©es oĂč est volontairement abolie toute frontiĂšre entre ce qui est vĂ©cu, touchĂ©, pensĂ©, ressenti. Parfois la narration devient plus explicite, mais pour replonger trĂšs vite dans l’opacitĂ© de l’angoisse. Ce texte est un exercice de crĂ©ation poĂ©tique continu, sincĂšre, exigeant, et d’une originalitĂ© dĂ©concertante.