Le passant de Vienne : un certain Adolf

MILLAU Christian

Munich, 1923. Un certain Adolf Hitler se retrouve emprisonné à la suite d’une minable tentative de putsh avortée. Intrigué par ce jeune inconnu, un diplomate français se lance dans une enquête sur son enfance et son adolescence, interroge ses proches, rencontre ses mentors, visite ses lieux familiers, hume l’atmosphère d’une Bavière rude et traditionnelle, et d’une Vienne vacillante au bord de l’antisémitisme. D’où il ressort que rien ne prédestinait le jeune Adolf à son surprenant destin, ni à sa haine des Juifs avec lesquels il entretenait des relations tout à fait honorables.

 

Le rapport de police de l’époque conclut par ces mots : « Adolf Hitler n’est qu’un perturbateur de brasserie, grand bavard et piètre stratège dont l’histoire fourmille. » ! Christian Millau, qui a obtenu un prix en 1999 avec Au galop des hussards : dans le tourbillon littéraire des années 50 (NB février 1999), restitue bien l’engluement dans l’antisémitisme viennois virulent, parfois encouragé par les intellectuels juifs eux-mêmes. Est-ce une clef pour comprendre le basculement haineux du jeune Hitler ? L’auteur maintient le flou. En restant à un niveau très anecdotique, en relatant les rencontres du diplomate et ses discussions, souvent autour de repas bien arrosés, en mélangeant réalité et romance, il suscite peu de surprise et nous laisse à nos questionnements.