Le pas du juge

TROYAT Henri

L’histoire de la littĂ©rature a retenu le nom d’AndrĂ© ChĂ©nier, pas celui de son frĂšre Marie-Joseph, qui a pourtant Ă©crit les paroles du « Chant du DĂ©part » et qui fut bien plus cĂ©lĂšbre en son temps. Tous deux Ă©taient des rĂ©volutionnaires, mais AndrĂ© Ă©tait un modĂ©rĂ©, l’autre un jacobin fanatique, membre de la Convention. AndrĂ© fut arrĂȘtĂ© et dĂ©capitĂ© deux jours avant la chute de Robespierre, son frĂšre n’ayant rien fait pour le sauver. C’est en prison qu’il Ă©crivit La jeune captive pour une jolie femme qui ne lui accorda pas un regard.  Pour l’auteur, mort en mars 2007, Le pas du juge symbolise la marche de la justice implacable. Ce roman historique, basĂ© sur des faits rĂ©els, est Ă©crit Ă  plusieurs voix : les chapitres les plus importants par AndrĂ©, les autres par Marie-Joseph et sa mĂšre, tous deux passionnĂ©s par cette RĂ©volution. En filigrane, c’est l’histoire d’une amitiĂ© fraternelle trahie, les idĂ©es politiques diffĂ©rentes Ă©tant Ă  la source d’une certaine lĂąchetĂ©. Henri Troyat ressuscite une Ă©poque Ă  la fois flamboyante et sordide, d’une plume aussi alerte que dans La FiancĂ©e de l’Ogre (NB dĂ©cembre 2004).