Le monde selon Cheng

REYNAUD Stéphane

Cheng, ficeleur de bottes d’asperges au royaume de Camelote dont c’est l’unique culture, sait compter mais pas lire et se trouve heureux. Il s’endort dans un container, se retrouve Ă  l’Ă©tranger, successivement dans un entrepĂŽt dont il sort enfoui sous des ordures, dans un hĂŽpital sans chirurgiens ni mĂ©decins, puis dans des aĂ©roports. ConseillĂ© par sa « conscience pragmatique », il gagne de l’argent en provoquant des incendies, dont il vend les photos Ă  un journaliste. Il rencontre une fille et, dorĂ©navant, tous deux se bornent Ă  prendre des avions qui les emmĂšnent n’importe oĂč.  Ce bref conte philosophique dĂ©marre assez bien avec les rĂ©flexions de Cheng, nouveau Candide, sur le bonheur simple qu’il connaĂźt et les surprenantes dĂ©couvertes qui l’attendent Ă  son rĂ©veil. Mais la fable s’essouffle rapidement. La dĂ©nonciation de la logique mercantile et de la course effrĂ©nĂ©e au moindre coĂ»t, satire transparente du monde actuel (malbouffe, dĂ©localisations, tourisme low cost, sensationnalisme, etc.), devient invraisemblable et caricaturale, et le mĂ©pris affichĂ© pour une population stupide qui consomme sans rĂ©flĂ©chir est dĂ©plaisant. Le parcours absurde et rĂ©pĂ©titif de Cheng perd rapidement de sa force et ne convainc pas.