Le Château des ombres (Le masque du fantôme ; 1)

GROLLEAU Fabien

Quel plaisir de jouer  le justicier fantôme en masque noir et tenue moulante ! C’est ce que vit un homme âgé qui a carburé toute sa vie à la BD. En format poche et en noir et blanc, un feuilleton d’aventures pétillant de fantaisie d’un super-héros fantasque.

 

Fou de bandes dessinées, tel est ce vieux châtelain. Un double traumatisme – l’assassinat de ses richissimes parents par un tueur quand il était enfant, l’autodafé de sa collection d’albums par son psychiatre tout récemment – l’a conduit à s’identifier au Fantôme des Everglades, le justicier d’un comics-book qu’il dévorait dans son enfance. Un justicier portant masque, justaucorps et collant ! Sa nièce Patricia, inquiète de le voir hanter les rues la nuit pour dissuader les voyous d’attaquer les honnêtes gens, embauche un jeune auteur de bédé, Sacha, afin qu’il réalise pour son oncle une bande dessinée contant une histoire susceptible de ramener le malade à la raison ! Contrat aussitôt accepté  par  le dessinateur fauché, alors entraîné dans des aventures délirantes aux côtés du vieux fou désireux de se venger du ‘’sorcier’ qui réduisit ses bédés en fumée. Bientôt les voilà témoins de l’assassinat de la jeune Chéryl au plus profond de la tanière du patron d’une boîte de nuit…

Au format poche, ces deux cents pages en noir et blanc ont déjà été publiées par chapitres de trente planches dans un fanzine de 2003 et seront suivies en août d’un deuxième et dernier tome. Il s’agit d’une parodie amusante et pathétique des super héros invincibles américains, notamment du Fantôme du Bengale, créé en 1936 par Lee Falk et dessiné par Ray Moore, dont certains épisodes furent publiés dans l’hebdomadaire Tintin dans les années soixante-dix. C’est aussi une défense de cet art prétendument mineur que serait la bande dessinée et une satire de l’effet supposé  pervers de sa lecture sur les jeunes esprits. L’histoire se suit aisément – les séquences relatives au passé étant relatées dans des chapitres spécifiques – et elle ne manque pas de péripéties distrayantes et humoristiques. Le dessin retient l’attention avec son trait caricatural et alerte, sa mise en page variée et dynamique, et ses planches souvent noir charbon dans lesquelles s’agitent tous ces risibles ’’petits mickeys’’ nocturnes. Pétillant de fantaisie !