Laver les ombres

BENAMEUR Jeanne

L’écriture est somptueuse. On dirait un chant, un poĂšme, un pas de deux tragique et infiniment sensible entre une mĂšre et sa fille. Celle-ci, chorĂ©graphe, ressent intimement la peur devant l’oeuvre crĂ©atrice, la peur aussi d’ĂȘtre liĂ©e par l’amour. Un soir, elle part, irrĂ©sistiblement attirĂ©e par le lieu de son enfance, petite bourgade du bord de mer, et surtout par sa mĂšre qui y vit, solitaire, veuve. Le pĂšre est mort, tombĂ© de la falaise
 La tempĂȘte fait rage. En pleine nuit, les deux femmes Ă©coutent les rafales de vent menaçantes. Et, enfin, la vieille femme raconte, aprĂšs des annĂ©es de silence : son enfance italienne, la guerre, le Français qui la sĂ©duit, l’enlĂšve et les trois annĂ©es d’horreur qui s’ensuivent, indicibles. De ces Ă©lĂ©ments dĂ©chaĂźnĂ©s, de ce secret enfin rĂ©vĂ©lĂ©, de ces larmes, quelle danse jaillira un jour sur une scĂšne de thĂ©Ăątre ?

 

Avec une sobriĂ©tĂ© dĂ©jĂ  remarquĂ©e dans ses prĂ©cĂ©dents ouvrages (Les mains libres, NB avril 2004 ; PrĂ©sent ? NB octobre 2006), l’auteure montre la vigueur des liens familiaux, le poids du passĂ©, l’importance salutaire de la lecture, de l’art, de la beautĂ© pour tout ĂȘtre vivant. Et de l’amour, Ă©videmment.