L’ascension de Saussure

ZENZIUS Pierre

Horace BĂ©nĂ©dict de Saussure est associĂ© aux « premiĂšres » du Mont Blanc. Une page d’introduction le rappelle. Puis commence l’aventure, le voyage, l’ascension du sommet mythique. La colonne des grimpeurs lourdement chargĂ©s s’étire d’abord dans les pierriers ; en tĂȘte, on reconnaĂźt Horace, catogan poudrĂ© au vent et redingote Louis XVI rouge ; son chien ferme la marche. Et on avance, lentement, entre les derniĂšres futaies, avant de rencontrer les vraies difficultĂ©s de l’expĂ©dition : le franchissement acrobatique de ravins, les bivouacs inconfortables, les Ă -pics vertigineux,  la glace et la brume. Enfin
 Cet album grand format en doubles pages et cadrages larges  est un hymne Ă  la montagne. L’homme y est tout petit, identifiable cependant tant est minutieux le dessin de cette troupe, encordĂ©e ou Ă©parpillĂ©e. On se plaĂźt Ă  suivre chacun, Ă  partager leur dangereux cheminement, leurs Ă©motions, dans des postures trĂšs expressives, saisies comme Ă  la loupe. La voix du narrateur, presque redondante, se fait trĂšs discrĂšte, jalonnant sobrement l’itinĂ©raire de ces explorateurs de l’extrĂȘme.  ManiĂšre d’amener la chute du rĂ©cit que le lecteur attentif aura pressentie : le chien de Saussure a pris la tĂȘte de la cordĂ©e : c’est lui qui commente, Ă  peine essoufflĂ©, l’exploit humain. (C.B.)