L’arbre et l’ombre de la lune

ROMANO HĂ©lĂšne, DAY Adolie

Avant, la vie Ă©tait ensoleillĂ©e. Il avait six ans. Maintenant, il en a huit et il y a eu l’arbre ; l’arbre avec sa branche et une corde et plus de papa et pas d’explications. Jusqu’au jour oĂč le grand–pĂšre prononce le mot qui dit la vĂ©rité : suicide. Mais alors quand un papa dĂ©cide de mourir, c’est qu’il n’aimait pas assez ses enfants ? Ou le contraire ?

L’arbre est Ă©lĂ©ment de transfert. L’enfant dans sa colĂšre se saisit d’une hache pour couper cette branche qui a tuĂ© son pĂšre. Mais la branche n’y est pour rien, l’arbre en a d’autres qui font des bourgeons. Dans ce drame qui se joue Ă  l’ombre de la lune, la symbolique des couleurs est forte. On passe d’un jaune Ă©clatant au bleu froid, au rouge colĂšre. La douleur s’apaise, chacun sort de son enfermement, la famille se retrouve et le soleil revient.

Tabou dans la littĂ©rature pour les enfants de moins de dix ans, la mort d’un parent par suicide est abordĂ©e dans cet album sans faux fuyants. L’enfant a droit Ă  la vĂ©ritĂ©, elle est vitale, les mots justes libĂšrent de l’angoisse, de la culpabilitĂ©. . Mais encore faut-il prĂ©senter le drame avec distance et respect en recourant au symbole. Suicide par pendaison : l’image le fait comprendre mais n’est pas source d’épouvante, les couleurs expriment la variation des sentiments, le visage stylisĂ© de l’enfant, avec ses larges yeux exprime tout, il peut ĂȘtre n’importe quel enfant. Fiche dĂ©tachable pour les parents. L’auteur, docteur en psychopathologie, spĂ©cialiste des traumas de l’enfant a dĂ©jà publiĂ© avec Adolie Day AprĂšs l’orage, en Ă©cho aux Ă©vĂ©nements du Bataclan. (mise en ligne 19/04/2016). (A.-M.R.)