L’arbre dans la cour. Par la lucarne d’Anne Frank

GOTTESFELD Jeff, McCARTY Peter

Dans la cour, il y avait un arbre. Dans l’usine dĂ©saffectĂ©e, il y eut, Ă  partir de 1942, une famille entiĂšre, cloĂźtrĂ©e. Et une adolescente qui Ă©crivait son Journal et regardait l’arbre. Saison aprĂšs saison, l’arbre grandit, la jeune fille disparut


Le sous-titre et la postface donnent la clef de lecture de cet album en rappelant qui fut Anne Frank et ce qu’il advint du marronnier tĂ©moin de son enfermement. L’album imagine avec une Ă©motion contenue ce tĂȘte-Ă -tĂȘte silencieux, fait de curiositĂ© puis de tendresse. L’originalitĂ© du texte est d’avoir portĂ© un mĂȘme regard attentif sur la jeune fille et sur l’arbre dont le point de vue relaie la voix narratrice. C’est aussi d’avoir gommĂ© les Ă©lĂ©ments anecdotiques de la tragĂ©die, comme oubliĂ©s au profit d’un rĂ©cit Ă©purĂ© emblĂ©matique. L’arbre, vecteur de mĂ©moire et protĂ©gĂ© comme tel, meurt foudroyĂ©, menacĂ© d’oubli comme les hommes. Les images sĂ©pia estompĂ©es suggĂšrent cette fragilitĂ© ; elles alternent les plans rapprochĂ©s, jouent sur les cadrages, inclinent les perspectives pour inscrire dans le papier la subtilitĂ© de ce dialogue. Le souvenir s’enracine, malgrĂ© l’usure du temps, par de telles rĂ©Ă©critures. (C.B.)Â