Ălisabeth a quittĂ© sa famille. Elle vit Ă Londres oĂč elle travaille pour le Booker Prize en 1979. Bernard Pivot lui propose de collaborer Ă temps partiel Ă une Ă©mission dâApostrophes sur Albert Camus. Elle approche Louis Guilloux dont il Ă©tait lâami, avec qui elle sympathise et fait le projet dâun Grand Entretien centrĂ© sur lui. Elle le voit Ă plusieurs reprises, Ă Paris et Ă Saint-Brieuc dâoĂč est issue sa propre famille maternelle et oĂč vit « l’ami Louis ». Elle lui confie ses ambitions littĂ©raires. Mais un malentendu les Ă©loigneâŠ
Sylvie Le Bihan (Amour propre, Les Notes avril 2019) entremĂȘle deux histoires diffĂ©rentes, celle dâune jeune journaliste qui a fui ses parents jugĂ©s petits-bourgeois, et celle de sa quĂȘte de lâillustre Ă©crivain dont son ami mĂ©connu a gardĂ© la mĂ©moire. Lâalternance habile du prĂ©sent et du passĂ© maintient constamment lâintĂ©rĂȘt. LâĂ©vocation de la vie, des travaux et des amours des Ă©crivains d’aprĂšs-guerre Ă Saint-Germain-des-PrĂ©s, est pleine de charme. Guilloux et Camus nâavaient ni le mĂȘme Ăąge, ni le mĂȘme caractĂšre ; lâun Ă©tait rĂ©servĂ©, lâautre charismatique. Mais leurs convictions en ont fait des frĂšres. Issus de familles modestes, ils nâont cessĂ© de dĂ©fendre pauvres et opprimĂ©s. Progressistes Ă©pris de libertĂ© et de sincĂ©ritĂ©, ils ont pris leurs distances avec Staline, ce qui leur a valu bien des inimitiĂ©s. La leçon quâinflige le vieil homme Ă la jeune femme sur tous les plans est pleine dâhumanitĂ©. Un livre attachant. (L.G. et A.-M.G.)
