La roche qui voulait voyager

Cette roche-là, ronde et joufflue, est outrée que l’on puisse considérer les minéraux comme des êtres inertes. N’est-elle pas pensante et sentante ? Elle expose ses arguments au géologue venu l’examiner, puis lui demande de l’emmener voir le monde. Il refuse avec mépris. La roche obstinée défend sa cause tant et tant que l’homme de science, excédé, lui donne un énorme coup de marteau pour la faire taire. Grave erreur. Deux morceaux, puis cinq, puis des dizaines (il continue de frapper) lancent la même revendication au géologue stupéfait et furieux qui la réduit en poussières. Qui, emportées par le vent, partent explorer le monde.L’album réussit à renouveler le thème de la découverte du monde avec originalité et humour. Il développe une célébration de la vie, du plaisir simple des sens, avec poésie et bienveillance mais sans mièvrerie. Le texte très agréable à lire, bien écrit et évocateur, sonne juste ; il donne vie et personnalité, conjointement avec l’illustration, à une roche grise qui aurait pu être terriblement banale et qui devient vite attachante. Une performance ! Le style épuré et sensible, un peu naïf, de Géraldine Alibeu fait merveille, dans des harmonies de couleur d’une grande douceur. Un album pour sourire, frémir et rêver.(M.D.)