La robe rouge de Nonna

PIQUEMAL Michel, BRAX Justine

Pourquoi Nonna, sa grand-mĂšre, ne chante-t-elle jamais qu’en italien ? Parce que la vieille dame est nĂ©e en Italie. Elle raconte : son pĂšre, ouvrier cultivĂ©, chantait des chants rĂ©volutionnaires. En 1922 arrive Mussolini au pouvoir ; il perd son travail, les Chemises noires Ă  la solde du Duce lui mĂšnent la vie dure. Il ne plie pas
 Ils s’en prennent alors Ă  sa fille, Nonna, un soir oĂč elle revient de l’école, dans sa robe rouge.

L’histoire est vĂ©ridique : la fillette brutalisĂ©e, humiliĂ©e et terrorisĂ©e a existé ; ainsi que l’exil vers la France loin des fascistes.  Sur cette terre d’asile oĂč s’est construite une autre vie, la nostalgie irrigue le langage de Nonna truffĂ© de mots italiens et le rĂ©pertoire qu’elle fredonne Ă  sa petite-fille. La tendresse baigne ce rĂ©cit douloureux, devoir de mĂ©moire et condamnation du totalitarisme. Les illustrations donnent corps aux scĂšnes de violence, sans en Ă©dulcorer l’horreur : chiens aux yeux ensanglantĂ©s, ombres projetĂ©es sur le sol. S’y opposent, dans les pages consacrĂ©es Ă  la fillette, le rouge de la rĂ©sistance et les fleurs qui Ă©voquent le Chant du partisan citĂ© et traduit en derniĂšre page.