La maison vide

MAUVIGNIER Laurent

Dans la maison familiale laissée vide à la mort de sa grand-mère, le narrateur qui n’est autre que l’auteur recherche la légion d’honneur de son arrière-arrière-grand-père, gloire de la famille. Trône aussi dans le salon un magnifique piano délaissé. Parmi les albums de photos, le visage de sa grand-mère paternelle a été systématiquement effacé. Le passé n’en finit pas de s’inviter dans cette maison… Un passé qu’il tente de reconstituer.

C’est ainsi qu’il raconte, de la fin du XIXe aux années d’après-guerre, la destinée de trois femmes : une arrière-arrière-grand-mère, femme soumise à un mari violent et soucieux de la continuité familiale, mais qui, devenue veuve, se révèle femme de tête ; une arrière-grand-mère pianiste au talent prometteur dont les ailes ont été brisées par un mariage imposé ; une grand-mère, trop mal aimée dans son enfance qui, livrée très jeune à elle-même, connaît une adolescence malsaine, suivie d’un grand amour puis qui, pendant la guerre de 40, provoque un scandale qui la met au ban de la famille. Laurent Mauvignier (Histoires de la nuit, Les Notes octobre 2020) leur donne vie de façon magistrale en dépeignant avec minutie les caractères, les atmosphères et les sentiments souvent contenus. En merveilleux orfèvre, il imagine, en comblant les vides laissés par la mémoire familiale, la vie de ses ancêtres, propriétaires terriens influents, hommes et femmes soumis aux conventions sociales et bousculés par les deux guerres. Ce récit profond, exempt de tout jugement, se hisse sans conteste à la hauteur des grandes plumes classiques. (A.-M.Gi. et M.-N.P.)