La femme qui est dans mon lit

Claire et Sam sont jumeaux. Ils sont encore petits lorsque leur mère décède d’alcoolémie. En binôme solitaire, ils ne se quittent jamais et, devenus adultes, vivent ensemble, au grand désespoir de Jean, fou amoureux de Claire depuis leur adolescence. Déjà objets de rumeurs à Malaverne, les jumeaux deviennent objets de suspicion lorsque l’on retrouve plusieurs jeunes femmes égorgées.

C’est l’histoire d’un amour fusionnel et obsessionnel entre jumeaux ; l’histoire d’un homme transi d’amour et de rancœur pour une femme dépendante de sa gémellité ; c’est un drame tendu, obsédant et suffocant. Comme dans L’intime étrangère (Les Notes mai 2021), sur un canevas narratif qui maintient la tension, chaque phrase est pesée, ancrée dans les sensations, arrachée à la détresse. Anne Révah se glisse avec une grande justesse dans la relation d’attachement spécifique aux jumeaux. Structuré en courtes séquences, le récit installe tous les éléments de mystification mis en place par des personnages qui, tous, donnent le change. Aux rumeurs et à la stigmatisation des habitants se greffent les cauchemars qui traduisent le mépris de soi de la jeune femme. Les meurtres arrivent en point d’orgue à cette descente aux enfers où chacun peut être le coupable. Le suspense est maîtrisé et la lancinante itération offre une plongée en apnée dans cet enfermement psychologique. Pour tout cela, on ne peut que saluer la maîtrise de ce roman désespéré. (Maje et A.Be.)