La copiste

MESTRES Jean-Michel

CachĂ© parmi les vieux livres d’une bibliothĂšque de famille, un carnet rouge, un carnet qui pourrait tout aussi bien contenir des recettes de cuisine ou des photos de famille ; mais ce qui s’y lit , c’est la copie, d’une main de femme, d’une piĂšce de Claudel, Le Partage de Midi. La signature se limite Ă  deux initiales M.S. et Ă  la date de 1942, alors que cette annĂ©e-lĂ , ce texte n’avait Ă©tĂ© imprimĂ© qu’en 150 exemplaires confidentiels. Qui est M.S ?  Comment ce carnet est-il entrĂ© dans la bibliothĂšque familiale ? C’est ce que le narrateur va chercher Ă  savoir Ă  travers une double exploration de la vie des siens et de celle de Claudel, l’auteur et l’homme, enquĂȘte littĂ©raire qui explicite le lien singulier unissant la piĂšce et la vie amoureuse dont elle est le reflet.

Cette enquĂȘte, bien documentĂ©e, nous Ă©claire sur la vie de Paul Claudel et ses ambiguĂŻtĂ©s, tout comme sur la pĂ©riode trouble de l’occupation allemande entre collaboration passive et rĂ©sistance, et sur le positionnement de certains Ă©minents reprĂ©sentants du milieu littĂ©raire et artistique. Le narrateur/auteur ne cesse d’ouvrir des pistes, dans sa recherche de M.S. : artifice d’écriture peut-ĂȘtre, conduisant Ă  des digressions intĂ©ressantes mais qui peuvent lasser le lecteur.  À moins que ce soit le  choix dĂ©libĂ©rĂ© du plaisir de se perdre et de nous perdre dans un jeu de piste riche en rencontres et sans point d’arrivĂ©e, la recherche elle-mĂȘme Ă©tant sa propre fin. Est-ce le personnage qui tĂątonne dans ce passĂ© foisonnant ou l’écrivain ? (C.B. et Mo.D.)