Je ne te vois plus

MARTÍN Paul

C’est, en quelques pages, le discours navrĂ© d’une petite fille adressĂ© Ă  un absent, celui qui lisait des histoires, faisait des gĂąteaux, portait des bottes de caoutchouc, jouait de la guitare, dessinait des ombres chinoises
  Qui est cet absent ? Le texte ne donne aucun indice, ni d’ñge, ni de sexe. L’illustration suggĂšre une lecture plus prĂ©cise, pas tant dans les activitĂ©s Ă©voquĂ©es, tout Ă  fait mixtes, que dans certains dĂ©tails vestimentaires, comme pour permettre Ă  chaque lecteur de choisir « son » absent : un pull, un chapeau, le rĂ©alisme d’une paire de bottes, l’allure vieillotte d’un fauteuil Ă  bascule, le papier peint fleuri d’une piĂšce, signes d’une rĂ©alitĂ© prĂ©cise derriĂšre l’image. L’enfant, elle, est une petite fille, tout entiĂšre contenue dans l’expression stylisĂ©e d’un visage « Ă©moticĂŽnique ». La derniĂšre page parachĂšve l’itinĂ©raire du deuil mais elle est nĂ©anmoins convenue : au milieu des objets convoquĂ©s par le regret, le souvenir installe une nouvelle prĂ©sence de l’absent et fait renaĂźtre le sourire de l’enfant. (C.B.)