Ils désertent

BEINSTINGEL Thierry

Embauchée dans une entreprise de papier peint à un poste important, une jeune femme, de milieu modeste, vient d’acheter son premier appartement dans un quartier plutôt sinistre. Son contrat précise qu’elle devra organiser la mise à l’écart de “l’ancêtre”, créateur de la société : il gêne les projets de développement, mais continue à sillonner les routes, taciturne et solitaire, lisant Rimbaud et réalisant un excellent chiffre d’affaires. La jeune femme éprouve pour lui une sympathie partagée. Leurs existences parallèles emprunteront des chemins difficiles pour finalement trouver leur épanouissement en dehors de la triste compétition au travail. L’auteur (Composants, NB octobre 2002) interpelle directement les deux personnages principaux, vouvoyant l’un, tutoyant l’autre, exploitant jusqu’au bout ce filon grammatical sans qu’on en perçoive l’avantage. Les détails quotidiens abondent et se répètent, la succession des événements semble parfois invraisemblable et les références à Rimbaud ou Arendt sont un peu trop ambitieuses, malgré la recherche de l’écriture. Mais les personnages plaisants, l’ambiance de la vie d’entreprise, l’intensité de quelques scènes décrites avec une minutie efficace atténuent ces réserves.