Dans les annĂ©es 2000, Anouk Hutmacher, sociologue de la santĂ©, a beaucoup Ă©tudiĂ© la prise en charge des patients en milieu hospitalier mais sâest vite sentie impuissante face Ă la « machine insensible » du systĂšme de santĂ©. Des annĂ©es plus tard, alors quâelle accompagne une amie malade lors de son suivi oncologique, elle constate peu de changements dans les rapports entre patients et soignants : hors le discours strictement mĂ©dical, il nây a pas de place pour une relation plus humaine et elle a vu son amie souffrir de ce manque de chaleur humaine tout au long de sa maladie. Pour tĂ©moigner et certainement trouver un peu dâapaisement, elle se fait la porte-parole de son amie aprĂšs son dĂ©cĂšs, en peu de mots qui en disent long sur la solitude morale et le dĂ©sarroi des patients, mais aussi des soignants malgrĂ© leur implication professionnelle. Le choix pudique de la poĂ©sie humanise le dĂ©compte clinique des jours qui passent. En rĂ©sulte un rĂ©cit incisif, en prose coupĂ©e, chargĂ© dâĂ©motion Ă la fois triste et belle pour panser tous les maux du cĆur. (C.H. et C.B.)
Il faudra que je m’habitue
HUTMACHER Anouk
