Il était une ville

REVERDY Thomas B.

Eugène, jeune ingénieur français, arrive à Detroit (Michigan) pour diriger un programme automobile, après une expérience professionnelle peu concluante en Chine. La cité, ruinée par les pratiques crapuleuses et la crise des « subprimes », est devenue un no man’s land. C’est dans ce paysage que traînent Billy, Stro et Charlie, trois gamins désoeuvrés. De son côté, le lieutenant Brown enquête obstinément sur des disparitions inexpliquées d’adolescents. Le titre de conte de fées cache une réalité très noire. En toile de fond, la crise de 2008 : la cité des Grands Lacs, symbole d’une civilisation associant richesse-progrès-automobile, est devenue un champ de ruines, et le taylorisme une théorie fumeuse. Dans une construction narrative et un style très structurés, Thomas Reverdy (Les évaporés : un roman japonais, NB décembre 2013) évoque la descente aux enfers de Detroit, personnage central, avec une magistrale richesse de vocabulaire et d’images. Il donne de la ville une vision apocalyptique. En contrepoint la psychologie des êtres ballottés dans ce chaos, la cruauté côtoyant l’innocence, semble volontairement esquissée, comme secondaire. À la précarité d’un nouvel ordre économique mondial l’auteur oppose le triomphe de l’amour et de l’espoir. (A.-C.C.-M. et M.-N.P.)