Hélène ou le soulèvement

JALLON Hugues

Hélène et Loïc participaient ce soir-là à une soirée mondaine à Paris. Une photo de la jeune femme a été prise, à l’improviste, par un des invités, alors qu’elle faisait un somme. Le couple a regagné ensuite son hôtel. Puis Hélène est revenue, « il » était encore là, ils se sont pris par la main et sont partis…  Une intrigue de roman-photo… et des photos, dans ce roman, des clichés en noir et blanc comme une allégeance à la romance. Rien à voir pourtant : l’histoire d’Hélène échappe à ce registre. De même, ce qu’on devine de l’existence des amants pimente de réalisme un récit qui ne l’est pas : leur escapade de trois ans défie tranquillement la vraisemblance. Hélène n’a pas été enlevée comme celle du mythe grec, elle s’est abandonnée, soulevée ; cette liberté a un prix ! Cette liberté, c’est aussi celle de l’écrivain face aux conventions romanesques dont il se libère dans les ellipses, les reprises, la rupture des phrases et le récit photographique. La posture contre-narrative d’Hugues Jallon n’est pas pour autant hermétique : entre fantastique et fait divers, la belle histoire de cet amour impossible s’impose et émeut.   (C.B. et J.G.)