Franz, Dora, la petite fille et sa poupée

LÉVY Didier, ROMANIN Tiziana

Franz et Dora profitent, dans le parc, des derniers beaux jours de novembre. Franz est fatigué, il tousse ; Dora, à ses côtés, rayonne de sollicitude. Ils croisent une petite fille en larmes, s’arrêtent, questionnent : « Pourquoi un tel chagrin ? » L’enfant a perdu sa poupée. Alors Franz raconte : la poupée est simplement partie en voyage. Et, les jours suivants, il apporte à l’enfant la lettre de la voyageuse qu’il a pris soin d’écrire pour la consoler… Ce conte d’hiver plein de tendresse attentive et de pudeur est né d’une histoire vraie, un épisode de la vie de Kafka raconté après sa mort par Dora et Max Brod pour rendre hommage à la délicatesse des sentiments de leur ami disparu. Cette correspondance imaginaire, un mensonge d’écrivain, a une vertu thérapeutique : le récit de la vie de la poupée aide sa propriétaire à oublier son chagrin et à grandir pendant que, symétriquement, Kafka décline, emporté, dans un hiver symbolique, par la tuberculose. Le Berlin des années vingt est suggéré, au crayon et à l’aquarelle, d’un trait élégant et sobre, en doubles pages colorées de gris et d’ocre qui privilégient les visages et la complicité de personnages qui savourent ensemble une même histoire.  (C.B.)