Foucault va au cinéma

MANIGLIER Patrice, ZABUNYAN Dork

Ce titre allègre et engageant est trompeur. En fait, deux philosophes s’interrogent successivement sur le concept d’« histoire générale » par rapport à l’événement tel que l’a énoncé Foucault et sur la manière dont le cinéma pourrait les utiliser, « effet cinéma sur la métaphysique de l’événement ». Le film d’Allio, « Moi, Pierre Rivière… », reprenant un fait-divers d’archives que Foucault a analysé, leur semble assez exemplaire. Cinéaste de la sobriété et du dépouillement, Allio a su rendre la parole à ceux que les pouvoirs de l’Histoire et du Savoir ont rendus muets ; il restitue les micro-éléments qui donnent sa substance à la masse du quotidien. Les oeuvres de Syberberg (Hitler, un film d’ Allemagne), de Resnais (Nuit et Brouillard), de Féret (Histoire de Paul) et de quelques autres sont citées en brèves illustrations d’un cinéma qui échappe aux tentations de l’esthétique et de la technique, évite les processus habituels d’héroïsation ou de commémoration, et ignore le lamentable « rétro ». Quelques textes de Foucault clôturent ces réflexions, extraits de parutions, d’articles ou d’entretiens. Le style, technique (pas le moindre « humour salvateur »), les concepts, ardus, n’encouragent pas la lecture.