Et qu’on m’emporte

ZALBERG Carole

Dans son lit d’hôpital, Emma, soixante et onze ans, se remémore sa vie avant de mourir. Issue d’un milieu juif étriqué, elle s’en était échappée pour se marier toute jeune. Puis, 68 et libération de la femme aidant, avait abandonné époux et enfants pour Rolland, mari attentionné et aisé, fermant les yeux sur ses écarts érotiques et son égoïsme. Sa vie, elle l’a brûlée, s’intéressant peu aux siens : mère fantasque, père effacé, soeur handicapée mentale, frère adoré mort prématurément, fils brillants du premier ou second lit, petite fille rebelle. Et revient, lancinante, la mort de sa fille qu’elle n’a pas su aimer, sa fille à qui s’adresse son soliloque.

 Ce court second volet de la Trilogie des Tombeaux, qui fait réapparaître la jeune Fleur de La mère horizontale (N.B. janvier 2008), est éprouvant. L’écriture y contribue. Phrases sèches, courtes, à la syntaxe peu orthodoxe – surtout dans les premières pages, semble-t-il, à moins qu’on s’y habitue par la suite. Vocabulaire familier, quotidien, parfois vulgaire. Propos rapportés dans un tournis chronologique total. Cet être qui a hâte qu’on l’emporte – « Je vais mourir, j’ai bien le droit d’être méchante » – n’inspire pas la compassion.