Et la modernité fut masculine : La France, les femmes et le pouvoir 1789-1804 ; 3

VIENNOT Eliane

La Révolution française proclame les Droits de l’homme. Les femmes ont participé activement au soulèvement populaire, mais acquis « le droit de monter à l’échafaud, pas à la tribune ». Elles se voient progressivement exclues des avancées modernes, évincées de l’espace public, dominées dans la sphère privée… Si elles bénéficient de certaines réformes légales (héritage, divorce), l’abolition d’anciennes protections accroît leur dépendance. Devant des hommes détenteurs du pouvoir et du savoir – la « clergie » misogyne –, invoquant la loi de la Nature, elles sont pugnaces mais divisées. Le code civil napoléonien entérine leur défaite totale.

 

 

Historienne engagée, Éliane Viennot (Marguerite de Valois, NB mai 1993) enquête sur la condition féminine en France depuis la loi salique. Ce troisième volume couvre les quinze années névralgiques du début de la Révolution jusqu’à l’avènement de l’Empire. Rigoureux, minutieux, long, austère, il est étayé, animé et conforté par de multiples citations équilibrées relatant les débats de l’époque… Cependant, combien instructif pour les femmes dont les récents acquis résultent de combats courageusement entamés alors ! Avec des lunettes féministes, entre indignation et ironie, l’auteur propose une lecture revisitée de l’épisode révolutionnaire qui a promu, sous couvert d’idéalisme universaliste, un modèle égalitaire discriminant, machiste, durable et exportable. (L.G. et C.R.P.)