Eichmann : de la traque au procès

WIEVIORKA Annette

En mai 1960, Eichmann, acteur-clé dans l’exécution de la « solution finale», est enlevé à Buenos-Aires et amené en Israël pour y être jugé et pendu le 31 mai 1962. Entre ces deux dates est instruit, puis mené, un procès aux intentions et aux méthodes nouvelles. Utilisant les conclusions du procès de Nuremberg, mais se fondant sur le témoignage des victimes juives, il vise à constituer la shoah en événement particulier, distinct des crimes contre l’humanité perpétrés pendant la seconde guerre mondiale. Face à la monstruosité des faits, l’accusé, falot méticuleux ou grand manipulateur, nie jusqu’au bout toute participation directe au génocide. Il meurt en proclamant sa foi et sa conviction d’avoir obéi aux lois de la guerre.

 

Réédition enrichie d’un ouvrage de 1989, cette excellent étude vient d’une spécialiste reconnue de la shoah (Auschwitz, 60 ans après, NB février 2005). À travers un ensemble de mises en perspective historique, juridique, politique, et même critique, il y est montré de façon remarquablement argumentée comment cet événement, qui marqua l’avènement du témoin et élargit la notion de crime contre l’humanité, renforça la prise de conscience du jeune État d’Israël et devint le socle du discours à venir sur le martyre juif.