Échapper

DUROY Lionel

Augustin a peur de ne plus être capable d’écrire. Mais il tient un sujet : donner une suite au roman qui le hante, La leçon d’allemand, où Siegfried Lenz a transposé la vie du peintre Emil Nolde, auquel les nazis ont interdit de peindre. Il se rend donc à Husum, petite ville allemande proche de la Baltique, et à Seebüll où un musée est consacré à Nolde. Il y rencontre Susanne qui lui rappelle Ada, l’épouse du peintre, et avec laquelle il commence à oublier les deux femmes qui l’ont quitté. Chaque jour il écrit, non ce qu’il avait prévu, mais son propre « roman ». Dans ce récit très introspectif, Lionel Duroy reprend, à travers son avatar Augustin (Vertiges, NB novembre 2013), ses sujets favoris : difficulté de vivre, angoisse, nécessité d’aller ailleurs et besoin absolument vital d’écrire. Le narrateur torturé ne se sent bien que dans la recherche obsessionnelle d’un héros de roman et de son modèle. Avec un grand souci du détail, comparant sa vie avec celle de Nolde, il dissèque ses impressions, évoque son passé, ses relations compliquées avec les femmes. Les descriptions sont d’une précision photographique, l’écriture est fluide, le narrateur très attachant. Un très beau roman. (C.-M.M. et M.-C.A.)