Du sable plein les yeux (Tahya El-Djazaïr ; 2)

GALANDON Laurent, DAN A.

Dans Du sang sur les mains, premier volet de ce diptyque, Paul intervenait auprès du lieutenant Pierre Moulan, son ancien ami de la Résistance, pour faire libérer sa fiancée Asia, compromise dans la rébellion algérienne de 1954. Ils avaient pris ensemble la fuite. Les voici dans les Aurès en 1958, chargés de famille. Le village où ils se cachent est détruit dans une action prétendument signée du FLN. Asia n’est plus. Paul prend violemment partie contre « les Arabes », rejoint l’armée et prend part à des tortures. Mais, un jour, il va apprendre la vérité : l’opération était une expédition punitive de l’armée, après une embuscade où trois hommes furent retrouvés émasculés. Il va du coup rejoindre l’autre camp avec une égale conviction. Dès lors, sa vie ne vaudra plus très cher.

Le crime répond à la violence, les valeurs sont foulées aux pieds. Le mensonge règne. La charge porte d’autant plus fortement que le ton général du récit reste, comme l’image, d’une relative sobriété, sachant se montrer réaliste sans accumulation de détails sanglants. Pourtant, les scènes de torture succèdent aux sinistres « corvées de bois » et le trait ne peut éviter de donner des tronches de sadiques aux militaires de métier. Un écrit engagé, mêlant sentiments et conviction. Il ne laisse pas indifférent.