De Gaulle vu par les Anglais

MALYE François

Londres, juin 1940. Fugitif, de Gaulle ne parle pas anglais. Ni sa personnalitĂ© ni son Ă©ducation ne le prĂ©disposent Ă  apprĂ©cier le pays. Or Churchill parie sur cette personnalitĂ© intransigeante, aussi dĂ©terminĂ©e que la sienne. Les heurts innombrables se doublent de compromis habiles, surtout chez le Premier ministre britannique. Le francophile Eden et Duff Cooper arrondissent les angles. Quoiqu’indissolublement liĂ© Ă  lui, Churchill tempĂšre la vindicte de Roosevelt. Radicalement diffĂ©rente, l’atmosphĂšre des relations franco-britanniques des annĂ©es soixante est excessivement tendue, de Gaulle interdisant l’accĂšs Ă  la CEE et quittant l’OTAN. Cependant les tĂ©moins d’outre-Manche apprĂ©cient son courage devant les complots pour l’abattre et sa dĂ©colonisation africaine. FondĂ© uniquement sur des archives prĂ©cĂ©dĂ©es d’un bref rĂ©sumĂ©, le portrait incisif du GĂ©nĂ©ral par François Malye (Dans le secret des archives britanniques, NB dĂ©cembre 2012) diffĂšre sensiblement de l’image habituelle. Il souligne son besoin d’autoritĂ©, son ingratitude vis-Ă -vis de ses anciens bienfaiteurs, la diffĂ©rence culturelle entre lui et ses interlocuteurs. Sont mises en valeur l’habiletĂ© et l’art de la nĂ©gociation qui lui ont permis d’éviter des catastrophes. Authentiques, parfois austĂšres, ces documents laissent entrevoir l’aspect nĂ©gatif du personnage, ce qui n’exclut pas l’admiration. Parfois contradictoires avec mĂ©moires personnels et livres officiels, ils permettent d’accĂ©der Ă  une histoire diffĂ©rente. (S.La. et C.R.G.)