Contre la nature (les carnets)

ESPEDAL Tomas

Double moderne d’HĂ©loĂŻse et d’AbĂ©lard, un Ă©crivain vieillissant et une jeune fille se rencontrent dans une soirĂ©e et se donnent furieusement l’un Ă  l’autre. Jeune garçon, l’écrivain a travaillĂ© Ă  l’usine, connu ses premiĂšres amours, un mariage manqué  lorsqu’il rencontre Agnete, actrice dĂ©vastatrice. Elle lui donne une fille, avant qu’ils ne partent tous trois pour un dĂ©sastreux voyage en AmĂ©rique latine. Agnete le lĂąche pour un autre. L’écrivain Ă©crit enfin son Petit livre sur le bonheur, celui qu’il vit dĂ©sormais avec la jeune fille. Elle le quitte, le bonheur se transforme en dĂ©sespoir autodestructeur. Ce roman littĂ©raire d’amours et d’écriture utilise-t-il des Ă©lĂ©ments autobiographiques ? AmĂ©nagĂ© selon une construction travaillĂ©e, il vibre en tous cas de l’intensitĂ© du vĂ©cu. Des Ă©lĂ©ments rĂ©pĂ©titifs scandent les diffĂ©rentes parties d’un rĂ©cit parfois bĂ©ant entre deux fragments de vie. Des passages plus narratifs dĂ©taillent le cauchemar du voyage sud-amĂ©ricain ou la routine heureuse du quotidien. À la fin, Tomas Espedal (Contre l’art (les carnets), NB dĂ©cembre 2013) note dans ses carnets le jour-le-jour du dĂ©sespoir et de la perte, en phrases morcelĂ©es, brutales comme autant de coups assĂ©nĂ©s à  lui-mĂȘme. Une force tragique traverse parfois cette histoire inĂ©gale d’un homme Contre la nature. (M.W. et M.-N.P.)